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Le blog de c-manona.over-blog.com

HISTOIRES, ANECDOTES ET POEMES.

LA PORTE, CONTE ONIRIQUE BY AGATHA

Portrait de Jean Poiret, réalisé par mon père.e

Portrait de Jean Poiret, réalisé par mon père.e

Paillasse interprété par José Luccioni, ténor et ami de mon père.

Le couloir semble interminable. Long, gris et faiblement éclairé. A mesure que j'avance mon souffle s'accélère. Je hâte le pas, je cours presque. Vers quoi ? Je me sens emportée vers une destination  inconnue au bout d'un voyage qui n'en finit pas.

Soudain, une porte apparaît devant moi. Une seule. Vais je l'ouvrir ou rebrousser chemin. Revenir en arrière dans ce couloir lugubre ? Ai je le choix ? J'avance jusqu'a la porte, je pèse sur la poignée et avance d'un pas. Contre mon dos la porte claque, elle se referme.Impossible de fuir, mon angoisse est a son comble, ma vue se brouille. Je m'efforce de me calmer et ose jeter un oeil dans cette pièce inconnue. La lumière, les couleurs, le bruit d'une musique inconnue et de différentes voix humaines, m'éblouissent, m'assaillent, me pénètrent. Je me sens chenille se transformant en papillon. De l'obscurité du couloir, me voici aveuglée par cette clarté soudaine, ce déferlement de couleurs et ce bruit assourdissant qui me vrille les tympans. J'observe ce charivari. Toutes ces vives couleurs, comme un choc où dominent le rouge, le jaune et le bleu. Ça bouge tellement que j'ai l'impression d'être au milieu de la palette d'un peintre mélangeant ses couleurs avec vigueur. Y aurait il a la fin plus qu'une seule couleur ? Serai-je alors au milieu de l'orange ou du violet ?

C'est la question que je me pose lorsque mon regard est attiré par un superbe clown blanc et son costume a paillettes. Il est rouge noir et argent et scintille tellement que je mets des lunettes de soleil. La bouche et les oreilles rouges carmin du clown ressortent sur son visage passé au blanc. Il est aussi beau qu'il est triste. Je l'entends fredonner : "Mets ta veste et enfarine toi le visage, le public paie et ils veulent rire. Ah! Ris,  Paillasse de ton amour brisé. Ris de la douleur qui te ronge le coeur."

Ses larmes et son rire déchirant me bouleversent, quand soudain mon regard se pose sur un manège. Je choisis le cheval, je veux monter et attraper "la queue du Mickey", je veux gagner un tour gratuit.

Mon voeu est exaucé, le forain me félicite et hurle dans son micro, "cette petite fille a attrapé le pompon, 1 tour de manège gratuit. Approchez, approchez les petits enfants, tentez votre chance." Et bing, un coup de cymbales. Il espère ainsi attirer d'autres enfants. Mais le manège est vieux, il grince et bouge dangereusement l'or de ses boiseries est patiné par le temps, mon cheval de bois est bancal, je suis secouée dans tous les sens, puis il s'écroule sous moi et je me retrouve assise dans la poussiere.

La musique infernale diminue d'intensité jusqu'a devenir murmure et curieusement me voici au bord d'un ruisseau qui chante doucement. Sa musique est divine et apaisante. L'air est frais et la brise légère soulève mon jupon. Papillons multicolores, libellules dorées volent autour de moi tandis que le pépiement joyeux des oiseaux migrateurs annoncent l'arrivée du printemps. Quel délice. Je me trempe les pieds dans cette eau vive et rafraîchissante. Le temps passe agréablement. Je sens le sommeil me gagner. Tout a coup je suis tirée par les pieds vers le fond du charmant ruisseau qui se transforme en un fleuve immense et tumultueux.

Au secours, je me noie. Ma descente est vertigineuse, je me débats espérant remonter a la surface. Je n'arrive plus a respirer, je suis secouée dans tous les sens, ballottée, emportée par un courant de plus en plus rapide. 

"Madame, madame, réveillez-vous ! Tout va bien. Vous venez d'être opérée de l'appendicite. Nous allons vous installer dans votre chambre." C'est une femme tout en blanc au rouge a lèvres très rouge. Elle me secoue l'épaule sans doute pour me réveiller. Je lui souris étonnée encore toute à mon rêve.

Quelqu'un pousse mon brancard dans un très long couloir blanc....La porte de la vie s'ouvre à nouveau devant moi. 

Portrait de Michel Simon en clown blanc, réalisé par mon père.

Portrait de Michel Simon en clown blanc, réalisé par mon père.

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