UNE ENQUETE RONDEMENT MENEE, by AGATHA

L’inspecteur Gérard Dubois, surnommé « Gégé » par ses collègues pour son humour grinçant, contempla le soutien-gorge avec un mélange de perplexité et d’amusement. Il leva un sourcil broussailleux, semblant défier l’objet en dentelle.

« Un soutien-gorge Dior au milieu du salon ? Et quel désordre ! » marmonna-t-il, un brin sarcastique. « On dirait que la dame a oublié ses bonnes manières en quittant la scène de crime. »

Un peu plus tôt dans la soirée quelqu’un avait appelé au Commissariat du 14ème arrondissement pour signaler un crime au 21 bis rue Daguerre, 2ème étage porte gauche. L’appartement très petit semblait ne pas contenir de corps…..

Pierrot éclata de rire, secouant la tête. "Tu sais, Gégé, on devrait peut-être prendre ce mystère à la légère, mais n’oublie pas qu’on est censé résoudre une affaire ici. Pas écrire un sketch pour le cabaret du coin."

Gérard se releva avec un sourire taquin. — Bien sûr, Pierrot, bien sûr. Mais un peu d’humour ne fait jamais de mal, surtout dans ce métier où on voit souvent le pire de l’humanité. Allons voir s’il y a d’autres indices avant que cette enquête ne vire au stand-up complet."

Après avoir examiné minutieusement le reste de l’appartement, Gégé et Pierrot découvrirent quelques autres éléments intrigants : des mégots de cigarettes éparpillés sur le sol, un journal ouvert sur la table basse avec une annonce entourée de rouge, pour des cours de pole dance, et une tache de vin rouge séchée près de la fenêtre. Mais toujours pas trace de la victime, ni de son assassin. L’appartement était vide, peut être pas depuis longtemps…..

« Je pense qu’on tient quelque chose », déclara Pierrot en examinant les indices. "Une soirée mouvementée, une danseuse de pole dance, du vin... Ça sent le crime passionnel à plein nez."

Gégé acquiesça, tapotant son menton avec réflexion. "Oui, mais il nous manque toujours l’élément clé : le corps. Sans corps, on ne peut pas conclure qu’un crime a réellement eu lieu."

Ils décidèrent alors d’interroger les voisins pour recueillir des témoignages. Après quelques portes claquant au nez et des réponses peu coopératives, ils tombèrent sur une vieille dame vivant au-dessus de l’appartement en question.

"C’était un boucan infernal hier soir ! Des cris, des bruits de meubles renversés, j’ai même cru sentir des vibrations dans mon plafond !"

Gégé et Pierrot échangèrent un regard. Ça commençait à se dessiner.

Ils se mirent à chercher activement des indices supplémentaires et finirent par découvrir, cachée derrière un meuble, une carte de visite avec un nom inscrit : « Lola, Danseuse de Pole Dance Professionnelle ».

« Bon sang, Pierrot, on dirait que notre mystérieuse propriétaire de soutien-gorge avait une vie plus animée que prévu », commenta Gégé. « Appelons cette Lola et voyons ce qu’elle a à nous dire. »

Après une série de questions astucieuses et un peu de persuasion, Lola admIt finalement avoir été dans l’appartement la veille au soir. Elle expliqua qu’elle était venue rendre visite à son amie, Sophie, qui avait récemment emménagé.

« Sophie était très perturbée », raconta Lola, jouant nerveusement avec une mèche de cheveux. "Elle était en pleine dispute avec son petit ami, mais je suis partie avant que ça ne tourne vraiment mal. Je ne sais pas ce qui s’est passé après mon départ."

Gégé et Pierrot échangèrent un regard significatif. Ils savaient qu’ils étaient sur la bonne piste.

Ils retournèrent à l’appartement avec un mandat de perquisition et, après une fouille plus minutieuse, découvrirent un petit coffre-fort dissimulé sous le lit de Sophie. Après avoir forcé l’ouverture, ils y trouvèrent des bijoux volés, de la drogue et un revolver….. et sur le palier, dans un placard sans électricité, le corps d’un homme, déjà tout raide, avec une grande plaie au thorax.

« Ca y est notre affaire est résolue », déclara Gégé avec satisfaction en faisant assoir Sophie qui était revenue chez elle pendant leur absence. “Vous voulez bien enlever vos lunettes de soleil, Mademoiselle ? C’était plus un ordre qu’une question. Ils virent alors un énorme coquart à l’oeil droit et sous le corsage noir transparant, il manquait un soutien-gorge. Le fameux Dior, sans doute, élément amusant de l’enquête. Et là une pluie de questions s’abattit sur la tête de Sophie qui n’arrêtait pas de pleurer. Ils la menottèrent malgré ses protestations et l’embarquèrent au commissariat.

Et l’affaire du 21 bis rue Daguerre fut résumée ainsi :

"Sophie avait reçu la visite de son petit ami, un petit souteneur- dealer toujours armé. Son amie Lola n’aimait pas du tout ce type là, d’ailleurs elle était partie en début de soirée . Après quelques ébats sur le canapé pendant lesquels le fameux soutien gorge s’était fait la malle, ils avaient bu un verre de vin mais pour une question d’argent, les choses avaient mal tourné, Sophie avait jeté son verre à la figure de son amoureux qui avait répliqué par quelques bons coups de poing, en la menaçant de la tuer, et joignant le geste à la parole il tenta de l’étrangler. Prenant peur, elle réussit à s’emparer de son revolver et tira sur l’homme. Affolée, Sophie avait essayé de dissimuler les preuves en cachant le corps et en faisant croire à une disparition. Légitime défense mais dissimulation de cadavre !

La justice étant en marche, Gégé et Pierrot se dirigèrent vers le bar le plus proche pour fêter la rapide résolution de cette affaire.

“Bof, la routine, dit l’Inspecteur Dubois en faisant un clin d’oeil à son alter ego.